Uzès, le 18 décembre 2017
Prima Vera, L’Uzège et les solutions pour les mosaïques:
Uzès veut-elle se priver de son site romain d’origine?
Deux réunions du Comité de pilotage initiées par la Région sur la réimplantation des mosaïques à Uzès ont déjà eu lieu. Certains voudraient déjà clore le débat en privilégiant leur exposition dans le futur musée municipal rénové d’Uzès. Prima Vera et l’Uzège rappellent que les options présentées méritent d’être étudiées de manière plus approfondie, notamment sur le site d’origine, solutions qu’elles privilégient tout comme l’Etat. Sans quoi, Uzès risque de se priver de ses racines et de son site romain originel, au très fort potentiel d’attractivité culturelle, éducative et touristique.
Rappelons les faits et notre démarche. Le 28 mars 2017, un communiqué de l’INRAP informait de la découverte des mosaïques romaines à Uzès sur le site du futur internat des lycées, sans indiquer leur destination finale après dépose et restauration. Alors que l’existence des mosaïques étaient connues depuis 2013 (la presse les évoquaient déjà), aucune initiative n’avait été envisagée par les pouvoirs publics pour les préserver à Uzès.
Les associations Prima Vera et l’Uzège ont envoyé, le 29 mars 2017 une lettre ouverte à la présidente de la Région, Carole Delga, maître d’oeuvre du chantier de l’internat, et lancé une pétition demandant de surseoir à la dépose et d’envisager une préservation des mosaïques in situ conformément à la charte de Venise et de l’ICOMOS signée par l’Etat et la Région et le réseau des Villes d’art et d’histoire dont fait partie Uzès.
Le 2 avril 2017, la présidente de la Région a promis le retour à Uzès dans un “lieu dédié”.
Depuis, un travail important et bénévole de documentation a été entrepris et diverses propositions ont été portées par nos associations (L’Uzege et Prima Vera) dans un esprit collaboratif et d’intérêt général et avec un soutien clair et résolu à la réalisation de l’Internat. Plusieurs réunions publiques ont eu lieu sur le sujet. en juin et en septembre
Depuis octobre, un Comité de pilotage a été mis en place par la Région sur le sujet.
Durant les 2 premières réunions de ce Comité, 4 projets de réimplantations des mosaïques d’Uzès ont été proposés:
1- à l’Evêché, au premier étage du futur musée Borias rénové, au-dessus du tribunal; projet proposé par la Mairie et visiblement privilégiée par certains élus;
2- un jardin-musée sur le site; par Prima Vera et l’Uzège; projet adaptable;
3- un musée sur le site, le long de la rue du Collège; esquissé par les architectes de l’internat, à la demande de la Région;
4- une exposition sur le site des lycées par l’Etat (DRAC); projet qui reste encore à préciser.
Sur ces 4 possibilités, 3 proposent l’exposition des mosaïques sur leur lieu d’origine. Toutes 4 doivent satisfaire aux exigences d’accessibilité et aux contraintes de sécurité et faire l’objet d’une étude approfondie, ce qui n’a pas encore pu être le cas au sein du Comité de pilotage. Nous n’avons reçu, par exemple, un avis des pompiers sur l’accessibilité que très tardivement et nous n’avons pas pu, pour le moment, discuter concrètement avec les architectes de la Région pour étudier les pistes d’un rapprochement de nos projets, pourtant très voisins. En dépit de ces obstacles, nous avons poursuivi nos travaux et proposons un schéma déjà légèrement modifié qui tient compte des contraintes techniques (voir le plan ici espace mosaïque-plan-171118 )
En toute transparence, les Uzètiens devraient être informés de ces options.
Nos associations sont à l’origine du projet de “Parcours de la Romanité”, dont l‘attractivité résiderait précisément dans la première étape, là où cela s’est passé il y a plus de 2000 ans, sur son site d’origine. L‘expérience de l’authenticité – voir les mosaïques dans leur environnement de l’époque, la voie romaine, les murs des maisons et d’autres vestiges (qui sont pour le moment ensevelis, mais toujours présents sur le site) – n’est pas comparable avec une exposition dans une salle de musée. C’est cela qui donnera envie aux visiteurs de continuer le circuit, en allant au musée Borias, puis dans la vallée de l’Eure, au pont du Gard, à Nîmes…
La question des aménagements et de l’urbanisme est importante: la rue du Collège est une des rues dangereuses d’Uzès. Des centaines de lycéens, des riverains y marchent tous les jours depuis des années, essentiellement sur la chaussée, à leurs risques et périls. Le projet d’internat et de musée sur le site sont une opportunité de mettre la rue en sens unique et de réaliser une rue où piétons et cyclistes pourront se déplacer agréablement et en toute sécurité.
Si les 20000 visiteurs/an au jardin médiéval ne saturent pas les ruelles d’Uzès, pourquoi créer la peur de 30 000 visiteurs par an pour aller voir les mosaïques (200/j sur 150 jours…)?
La question de la centralité des mosaïques dans l’ancienne cité romaine, évoquée publiquement par les archéologues lors des découvertes, est un sujet qui reste contradictoire. Les conclusions de travaux scientifique sur les fouilles ne seront pas communiquées avant 2019.
Le plus important, selon les declarations des experts, est bien que les mosaïques sont “exceptionnelles” par leur ancienneté, par leurs dimensions et par leur état de conservation. De plus, pour le conservateur du Patrimoine de la DRAC Occitanie, le lien possible avec le personnage majeur de l’antiquité Lucius Cornelius Sylla (hypothèse émise par une historienne de la romanité que nous avons rencontrée) est significatif. C’est tout cela qui justifie un classement aux Monuments Historiques et l’exposition sur le site d’origine, en cohérence avec les préconisations internationales de l’archéologie du XXI siècle.
Rares sont les villes qui ont la chance de découvrir la mémoire historique et géographique de leur origine. Souhaitons nous éliminer ces traces, qui sont nos racines ?
Uzès veut-elle se priver de son site romain d’origine? C’est, à notre sens, l’enjeu de ce projet.